TPE sur l'eau



III - Les conflits liés à l’eau dans le monde :

A. Les conflits liés à l’eau : arme ou cible ?

En croisant plusieurs facteurs critiques tels que le changement climatique, la démographie, le besoin et la demande par habitant, les ressources et les accès à la ressource en eau, la dépendance aux lacs ou rivières entre les frontières, 165 nations connaissent au moins localement et périodiquement des problèmes.

Le dérèglement climatique affectera le régime des moussons et la fonte des glaciers. De nouveaux conflits aval-amont pourraient naître de la construction de barrages hydroélectriques ou de l'irrigation (qui utilise déjà 70 % de l’eau disponible dans le monde, devant l'industrie qui en consomme 22 %).

«Les guerres du XXIe siècle auront l'eau pour enjeu» déclara en 1995 le vice-président de la Banque mondiale Ismaïl Serageldin.
Il est vrai que les deux tiers des principaux fleuves du monde traversent plusieurs états et on compte 263 bassins fluviaux transfrontaliers.

Ces tensions pourraient être à l’origine de déclarations comme celle de Sadate en 1979, selon qui «l’eau est le seul mobile qui entraînerait l’Egypte dans une nouvelle guerre».

Boutros Boutros-Ghali et l’ancien roi Hussein de Jordanie lui faisait écho des années plus tard ; Boutros Boutros-Ghali affirmant que «La prochaine guerre du Moyen-Orient sera provoquée par l’eau».

On le voit, une rhétorique de la guerre de l’eau se développe et s’affermit.

Les tensions internationales relatives à la gestion de l'eau concernent la plupart des continents.

Cependant, l’histoire ne relève qu’une guerre de l’eau il y a environ 4500 ans. Ce conflit s’est passé en Mésopotamie entre les deux villes de Lagash et Umma aujourd’hui situé dans le sud de l’Irak pour les eaux du Tigre et de l’Euphrate.

Dès les années 1980, la CIA identifiait une dizaine de zones de « conflit hydrique potentiel » avec notamment le bassin du Jourdain, du Nil, du Tigre et de l'Euphrate.

On peut aussi citer d'autres zones de tension sur le globe :

De nos jours les conflits armés liés à des appropriations abusives du contrôle des eaux ou de dérivations illégales de fleuves sont des exceptions et sont souvent additionnées à un conflit externe : l’eau est un enjeu collatéral et non la cause primaire du conflit.

Les causes d’un conflit lié à l’eau sont multiples.
Elles peuvent être dues à la destruction d’un barrage ou encore à la contamination des eaux d’un pays.
Selon les Nations Unies il y aurait environ 70 foyers de tension basés sur l’appartenance de bassins hydrographiques ou de nappes souterraines.

Si la convention de Genève interdit de s’attaquer aux ressources en eau lors d’une guerre, elle ne fait l’objet d’aucune application surveillée et peut être contournée comme on peut le voir avec les différents exemples étudiés dans cette partie.

La contamination d’eau par des cadavres jetés dans les puits afin de les mettre hors service est, par exemple, une triste illustration en 1999 en Yougoslavie par les Serbes au Kosovo.

Il y a également eut des tentatives d’attaques terroristes sur des infrastructures de l’eau. On peut notamment relever en 1964 une tentative d’empoisonnement des eaux du Conduit national en Israël par l’OLP (Organisation de la libération de la Palestine). Ou bien encore la tentative de prise de contrôle informatique d’une structure de station d’épuration pour provoquer l’écoulement d’eaux usées par un homme en 2000 en Australie.

Les procédés sont divers mais on remarque tout de même l’importance de la ressource en eau dans les différentes régions, qui devient un enjeu stratégique, vecteur ou cible des attaques.

Le colloque du Mémorial de la paix à Caen (1999) au titre évocateur de « La guerre de l’eau aura-t-elle lieu ? » a permis une nouvelle fois de constater à quel point l’eau était au cœur des conflits actuels, à la fois par la tension extrême des usages dans des zones où le développement économique et social est devenu totalement dépendant de faibles ressources largement surexploitées, et par l’arme stratégique colossale qu’elle est devenue entre pays amont et aval.
Bien sûr, le débat ne sera jamais clos entre ceux qui considèrent que l’eau est de ce fait un générateur de conflits, et ceux qui, prônant la « diplomatie de l’eau », y voient un formidable outil diplomatique pour réguler des conflits et aplanir les litiges.
D’un point de vue comme de l’autre, la réalité est la même : l’eau est au cœur des conflits, aussi bien comme une arme redoutable que comme un des enjeux de la sécurité nationale et un passage obligé du développement.